La conférence environnementale, grand-messe écologique qui peine à convaincre

Publié le 28 Novembre 2014

La conférence environnementale, grand-messe écologique qui peine à convaincre

Le Monde.fr | 27.11.2014 à 07h35 • Mis à jour le 27.11.2014 à 17h46 |Par Audrey Garric

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Barrage de Sivens, pollution de l’air, abandon de l’écotaxe, fiscalité écologique : la troisième conférence environnementale s’ouvre à l’Elysée, jeudi 27 novembre, dans un contexte de grande tension avec les Verts et les associations environnementales.

Promesse de campagne de François Hollande, ce rendez-vous avait été institué par le chef de l'Etat en 2012, cinq ans après le Grenelle de l’environnement, avec l'ambition de « faire de la France la nation de l'excellence environnementale ».

Mais pour son édition 2014, la grand-messe de l’écologie s’est transformée en une rencontre boudée ou critiquée par les principaux acteurs environnementaux, qui réclament de « réelles avancées » et pas simplement de « beaux discours ».Trois thèmes sont au menu de ce rendez-vous annuel, décalé de septembre à novembre : le climat et la biodiversité, les transports et mobilités durables et l’environnement et la santé.

Jeudi, après l’ouverture de la conférence par la ministre de l’écologie, Ségolène Royal, puis le discours du président de la République, une centaine de participants – ministres, parlementaires, collectivités, ONG, entreprises et syndicats – doivent se réunir dans trois tables rondes. L’objectif : fixer la feuille de route environnementale du gouvernement pour l'année à venir. Et, un an avant la conférence climat de l'ONU à Paris en décembre 2015, donner le coup d'envoi de la mobilisation pour ce sommet destiné à arracher un accord mondial contraignant de limitation des émissions de gaz à effet de serre. Voilà pour le programme, mais les participants doutent des ambitions du gouvernement.

« Organisation extrêmement chaotique »

« Une fois de plus, nous regrettons l’organisation extrêmement chaotique de cette rencontre : le programme a changé quatre-cinq fois en cours de route, une cinquantaine de priorités sont fixées pour chaque table ronde, ce qui dilue les échanges, et les sujets ne sont pas assez hiérarchisés : la qualité de l’air, dossier essentiel, n’est par exemple abordée qu’entre la 16e et la 26e priorités de la table ronde environnement et santé, regrette Benoît Hartmann, porte-parole de France nature environnement (FNE), qui regroupe près de 3 000 associations. Chaque année, nous avons droit à des discours très allants en matière d’écologie, mais aucun ne s’est jamais transformé en actes ou en monnaie sonnante et trébuchante. »

L’organisatrice de cette conférence, Ségolène Royal, estime au contraire avoirrenoué le dialogue et reformaté cette conférence pour laisser davantage de place à une vraie négociation.

« Les thématiques choisies l’ont été en accord avec les ONG, ainsi que la formule de la conférence environnementale. Je travaille très bien avec plusieurs ONG, plaide la ministre de l’écologie, interrogée par Le Monde. Elles ont souhaité que la conférence environnementale ressemble à une conférence sociale, c’est-à-dire qu’il y ait des choses à discuter, à négocier. Je trouve donc ça logique qu’elles mettent la pression avant la conférence environnementale. Le fait que les ONG soient exigeantes, cela m’aide à résister à un certain nombre de rapports de force, de lobbies, de pressions. »

L’issue des négociations avec les partenaires ne devraient pas être connue au terme de le conférence mais seulement en janvier lors d’un comité de la transition écologique.

Un discours qui ne convaint pas FNE, qui a choisi de boycotter la table ronde sur les transports, aux côtés du Réseau action climat (RAC), des Amis de la Terre et de la Ligue pour la protection des oiseaux (LPO), suite à la suspension sine die de l’écotaxe par le gouvernement « sous le poids des lobbies ». « Ce n’est pas lahausse de 2 centimes par litre de la taxe sur le gazole [qui s’inscrit dans le projetde loi de finances pour 2015] qui va compenser le manque à gagner du péage de transit poids lourds et financer la centaine de projets d’infrastructures de transport durables en attente. Les taxes ne peuvent pas être affectées, contrairement aux redevances, fustige Benoît Hartmann. Tout est plié d’avance : il n’y a pas d’argent ni de volonté politique. »

« A mi-mandat, le bilan est mitigé »

Un abandon de l’écotaxe également difficile à digérer du côté des Verts. « Il a tué un principe extrêmement important en matière environnementale qui est le principe de pollueur-payeur », assure Emmanuelle Cosse, secrétaire nationale d'Europe Ecologie-Les Verts (EELV), citée par l’AFP. « Il a été fondé beaucoup d'espoir sur ce quinquennat en matière environnementale et écologiste, et à mi-mandat, le bilan est mitigé », juge-t-elle.

Car si la loi de transition énergétique, l’une des principales promesses de François Hollande, a bel et bien été adoptée par l’Assemblée nationale en octobre, si le chef de l’Etat s’est finalement saisi du dossier climatique, à l’occasion du sommet de New York sur le climat en septembre et du G20 en Australie mi-novembre, si le bisphénol A doit être interdit dans tous les contenants alimentaires à partir de janvier 2015 et les sacs plastiques à usage unique bannis en 2016, pour les ONG, trop de dossiers restent en suspens.

La France continue de dépasser les normes de qualité de l’air. Le diesel, considéré comme cancérogène, reste toujours moins taxé que l’essence. Le comité pour la fiscalité écologique n’a pas été réuni depuis plusieurs mois. La création de l'Agence nationale de la biodiversité, annoncée pour 2013, n’a toujours pas été inscrite à l’ordre du jour de l’Assemblée nationale. Le plan algues vertes n'est pas précisé et la France ne respecte toujours pas la directive européenne sur les nitrates de 1991. La pollution agricole continuant de contaminer les cours d’eau.

Les mécontentements se cristallisent également autour de la poursuite de grands projets d’infrastructures, d’urbanisme, ou de traitement de déchets, contestés localement pour leur impact sur l’environnement et les finances publiques. Il y a bien entendu le barrage controversé de Sivens, pour lequel la Commission européenne vient d’ouvrir une procédure d’infraction, et dont Ségolène Royalrefuse d’endosser l’abandon, renvoyant les acteurs locaux du dossier dos à dos. Mais aussi l’aéroport de Notre-Dame-des-Landes, des projets autoroutiers ou ferroviaires comme le Lyon-Turin, le Center parc en Isère, ou encore le site de stockage de déchets de Nonant-les-Pins. Sur tous ces dossiers, les ONG et les écologistes souhaitent des réponses concrètes.

Rédigé par jojo

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