Le mot du jour Pou de saumon
Publié le 10 Février 2017
Pou de saumon
Pourquoi on en parle ?
Alerte sur les saumons d’élevage ! Ils sont victimes d’un parasite surnommé « pou de saumon », Lepeophtheirus salmonis de son nom scientifique, qui consomme le mucus et parfois la peau et le sang des poissons. Depuis début 2016, ces parasites ont ainsi décimé la production de saumons norvégiens, qui fournit 60 % du marché. Pas moins de 1,3 million de tonnes de saumon sont exportées par le pays. Résultat : 25 % de la production est aujourd’hui perdue.
C’est une catastrophe pour le marché du saumon : les prix ont augmenté de 15 % ces trois derniers mois et de 40 % en 2016. Une hausse jamais vue, qui a un impact sur le portefeuille des consommateurs.
Comment prolifèrent les poux de saumon ?
L’élevage intensif des saumons est l’une des causes principales de la prolifération des poux. Les parasites se fixent sous l’écaille du poisson pour récupérer son sang et conduit le plus souvent à la mort du poisson. Problème : l’usage d’antibiotiques et de pesticides dans les élevages rend ces parasites résistants.
Autre phénomène aggravant : l’épidémie se répand rapidement avec la promiscuité des saumons. En Norvège, la ferme Kartensen Fishfarm accueille ainsi 800 000 saumons répartis sur 12 bassins. Enfin, l’alimentation de ces saumons d’élevage, à base de farines de poissons, les rend plus fragiles, favorisant le développement des poux. À l’heure actuelle, le traitement se fait à l’aide de substances chimiques comme le cyperméthrine.
Peut-on enrayer l’épidémie ?
« Cette maladie n’est pas un phénomène nouveau, elle a toujours existé, explique Patrick Martin, directeur du Conservatoire du saumon sauvage, mais en élevage intensif, le problème persiste et persistera si rien n’est fait. » Depuis quelques mois, les fermes de saumons norvégiennes tentent cependant d’améliorer les conditions d’élevage : désormais les poissons sont vaccinés pour éviter l’utilisation excessive d’antibiotiques. Un premier pas pour tenter d’endiguer la prolifération des poux de saumon.
Différentes solutions sont aujourd’hui testées. Inconvénients pour les industriels : leur coût élevé. Une première solution est d’introduire des poissons « nettoyeurs », prédateurs des parasites. Plusieurs autres techniques sont envisagées : utiliser un laser pour tuer immédiatement les parasites ou mettre un filet protecteur pour éviter la propagation de la maladie entre saumons.
Ces dispositions vont se développer à l’avenir sous la pression des ONG (organisations non-gouvernementales) et des consommateurs.
Un danger pour la consommation ?
En 2016, la Norvège a dénombré environ 300 000 saumons contaminés par le parasite. Mais lorsqu’un bassin est infesté par les poux de saumon, il est vidé et les poissons ne sont normalement pas commercialisés.
En France, l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses) estime pour sa part que la consommation de saumon d’élevage sain « ne représente pas de risques s’il est consommé de manière raisonnable », c’est-à-dire environ deux fois par semaine.