VIDEO] Manche : "Le monde entier veut l'arasement des barrages, localement non
Publié le 27 Septembre 2019
Roger Lebeurrier, vice-président des ADB, encouragé par ses militants à l'entrée de la salle Victor Hugo à Avranches, mercredi 25 septembre 2019.
- Nicolas ThomasMercredi 25 septembre 2019, Avranches (Manche) accueillait la seconde journée du colloque international consacré à la renaissance de la vallée de la Sélune, l'après-barrage, organisé par European Rivers Network, une ONG engagée dans la préservation et la gestion durable des fleuves, des rivières et de la ressource en eau. Les opposants à l'arasement des ouvrages étaient présents.
Dès 8 h, mercredi 25 septembre 2019, une vingtaine de membres des Amis des Barrages (ADB), association qui lutte contre l'arasement des ouvrages hydroélectriques de la Sélune, s'étaient rassemblés place Carnot à Avranches. Banderoles déployées, ils ont chahuté quelque peu les responsables d'ONG qui se sont rassemblés salle Victor Hugo pour parler de l'après-barrage, de "la renaissance de la vallée de la Sélune".
Parmi les personnes invitées à ce colloque, Jean-Paul Doron, vice-président de la Fédération Nationale de la Pêche en France et président des Amis de la Sélune, a été copieusement hué par les ADB, toujours mobilisés malgré la destruction engagée du barrage de Vezins.
Si à l'extérieur, les esprits se sont quelque peu échauffés, à l'intérieur, le dialogue était de mise. En introduction de la conférence, Roger Lebeurrier, vice-président des ADB, a pu s'exprimer face à la centaine de scientifiques, élus et représentants des ONG invités, afin de présenter son point de vue. Fair-play.
Le pro-barrage avait dix minutes pour leur montrer l'incohérence de l'arasement et surtout l'attachement des habitants du sud-Manche à leurs barrages. "Le référendum local a montré que 98 % des habitants sont pour leur maintien. Aujourd'hui, c'est le monde entier qui nous dit qu'il faut les détruire, qui sait ce qui est bon pour nous", a déclaré Roger Lebeurrier. "Demain, qui paiera l'aménagement de la vallée et son entretien ? Il faut maintenir le barrage de La Roche-qui-Boit (le suivant sur la liste). Si on ne rentre pas en dialogue, ce sera la guerre dans la vallée", prévient Roger Lebeurrier. "Il faut arrêter votre intégrisme d'arasement des barrages." Roger Lebeurrier a terminé son exposé sous des applaudissements polis.
Jean-Paul Doron a pris la suite et a rappelé que c'était une obligation légale de redonner à la Sélune, fleuve migrateur, sa continuité écologique. "Dès 1986, un arrêté ministériel donnait cinq ans à EDF pour se conformer à ses obligations." Pour lui, il était plus que temps.
Le jeudi 26 septembre 2019, les ONG ont prévu de visiter le site de destruction du barrage de Vezins. Les ADB seront là aussi.