15 décembre : la destruction des barrages de Vezins, une décision alarmante, une
illustration exemplaire du dérapage des mouvements écologiques vers l’écologisme.
Le barrage de Vezins depuis 77 ans fournit de l’électricité pour 15000 habitants.
Le barrage de Vezins fournit de l’électricité dans des conditions d’exploitation si
satisfaisantes qu’EDF a demandé le renouvellement de la concession pour plusieurs
décennies.
Le barrage de Vezins, grâce à son lac artificiel a permis de créer une base de loisirs (CA
annuel : 650 000 euros, 25 salariés) et des activités induites importantes pour l’économie et
l’emploi dans sa région.
Le barrage de Vezins avec son lac de retenue fait le bonheur des pêcheurs de poisson blanc.
Pourtant, la destruction du barrage a été décidée (annonce de Chantal Jouanno, secrétaire
d’Etat chargée de l’écologie, 13 novembre 2009, Lisieux) au motif annoncé que le barrage
-fait obstacle à la montaison et dévalaison des poissons migrateurs…ce qui est vrai
-qu’ « il présente une impossibilité d’aménagement » pour la faciliter…ce qui est beaucoup
moins vrai. En vérité, le projet proposé par le Conseil Général prévoyant la création d’une
rivière artificielle d’un km de long permettant aux saumons de contourner le barrage et de
gravir en douceur les 36 mètres de dénivellation a été disqualifié avant même d’être étudié.
Il faut voir dans cette décision aberrante un « deal » entre le gouvernement et les
associations écologiques nationales conclu à l’occasion du Grenelle de l’environnement.
Le gouvernement n’entendant rien céder sur la question cruciale de l’énergie nucléaire a
décidé en contrepartie de donner malgré tout aux associations écologiques quelques gages de
la bonne volonté écologique du gouvernement et permettre à celles-ci d’affirmer auprès de
leurs adhérents la qualité de leurs actions revendicatives et leur pugnacité dans les
négociations.
Le barrage de Vezins est victime de ce « deal », il est « otage » d’un arrangement
politique parisien.
BA a déjà affirmé que la décision était humainement aberrante (les droits des salmonidés
priment les droits de l’humanité, les droits de pêcheurs celui des salariés) et économiquement
désastreuse (destruction de richesse et coût important de la destruction, entre 4 et 20 millions
d’euros). BA affirme en plus que cette décision est un scandale écologique que les
associations écologiques défendent alors qu’elles devraient la combattre.
Comment en effet peuvent-elles justifier à Vezins la destruction d’une centrale qui produit de
l’énergie propre et renouvelable lorsque le développement des énergies renouvelables
constitue l’un des points de programme majeur des associations écologiques ?
Comment engager pour la défense des saumons de la Sélune un combat sans merci (puisque
même les hommes en tant qu’habitants, résidents ou salariés y sont sacrifiés) alors que les
saumons de la Sée ont été tout récemment sacrifiés dans le silence (donc le consentement)
des associations écologiques (tout particulièrement Manche Nature) puisque l’ouverture en
2009 d’un méga centre d’enfouissement des ordures à 100 mètres à peine de la Sée, une des
toutes premières rivières à saumons de France, n’a déclenché aucune réaction ?
Ces contradictions sont spectaculaires pour le public.
Mais elles ne le sont pas pour les associations écologiques (du moins pour les plus puissantes
et les plus actives puisqu’elles se sont érigées en chapelles, en églises) qui prétendent dire
elle-même ce qui est écologique et ce qui ne l’est pas (c’est leur évangile) et imposer leur
credo (lui-même constamment et opportunément réadapté en fonction des nécessités
prioritaires de développement de leur église).
Bref, on ne peut que déplorer la dérive de nombreuses associations écologiques vers une
forme de sectarisme et un écologisme si extrémiste qu’il devient un antihumanisme.
Le sujet du barrage de Vezins évoque jusqu’à la caricature ces dérives écologistes.
Heureusement tous les élus locaux sont à juste titre résolument hostiles à la décision de
destruction. Ils sont fédérés dans la lutte par leurs deux grands élus : Le Sénateur Jean
Bizet et le Député maire d’Avranches Guenhaël Huet. Il est raisonnable d’espérer que le
gouvernement va finir par réaliser que le « deal » politique qui à l’époque pouvait apparaitre
comme de bonne politique fait plus de mal politique que de bien. L’avenir du barrage n’est
donc peut-être pas aussi sombre que cela.
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