Publié le 31 Janvier 2014
À Quimperlé, tout ce qu'il était possible de faire a été fait, estiment les victimes des inondations, y compris les erreurs. Ils avancent, au regard d'une étude hydrologique dont le résultat vient d'être livré, que c'est une solidarité sur l'ensemble du bassin-versant qui peut permettre de minimiser l'impact des crues.
Que faut-il faire pour freiner les crues ? « Plusieurs petites solutions seraient utiles », estime Jean-Pierre Julou, qui parle au nom des victimes des inondations, en basse-ville de Quimperlé. « Qu'il y ait des inondations, c'est inéluctable admet-il, une crue comme celle de 2000, il n'y a pas grand-chose à faire. Mais cet hiver, ça n'aura pas dû aller si vite et si haut ». Relevant que « tout a été fait en ville », il regarde vers l'amont et en appelle à la solidarité de l'ensemble des communes du territoire pour trouver des solutions.
Une étude sur 53 sites de stockage
Sur son bureau, une étude de l'agence Artelia, destinée à la Commission locale de l'eau et au SMEIL (Syndicat mixte Ellé-Isole-Laïta). L'agence d'ingénierie a remis son rapport courant décembre. Se basant sur les chiffres d'une inondation moyenne, celle de 2001, elle évalue le gain éventuel à réaliser des ralentisseurs de crues. Une hypothèse de quatre sites de stockage a été retenue dans l'analyse hydrologique (parmi 53 étudiés), deux sur l'Inam, au niveau de Saint-Fiacre, au Faouët, et deux sur l'Isole, au niveau de Bannalec et Mellac.
Il s'agirait d'y réaliser des « ralentisseurs », digues et ouvrages de surverse, qui permettraient de retenir l'eau en période de fortes précipitations.
Différentes combinaisons de ces quatre équipements (de un à quatre ensemble) sont observées par l'étude. Le gain (écrêtement) à la confluence Ellé-Laïta dans le meilleur des cas est de 15,7 % (crue 2001) et tombe à 8,9 % pour une crue type 2000.
Le coût de chacun de ces ouvrages peut être évalué à 1,2 M€ et leur entretien annuel est estimé à 5.000 €. « L'analyse coût bénéfice a indiqué que les projets n'étaient pas viables d'un point de vue économique », affirme le document d'Artelia. Comprendre que les frais engagés seraient bien plus élevés que le coût de réparation des dégâts dus aux crues. « Mais, avance Jean-Pierre Julou, la sécurité n'a pas de prix ».
« Risque de rupture »
Aussi la conclusion de l'étude apparaît pour le moins mitigée. Ayant mesuré un gain modéré sur les crues « ordinaires », elle indique « quelques sites ont montré un intérêt » mais « pour des crues plus graves, ils (les ouvrages) seront transparents et soumis au risque de rupture par surverse dans le cas d'événements extrêmes. »
Et enfin « le choix d'un ouvrage n'est pas uniquement basé sur l'intérêt économique quantifiable. Si d'autres paramètres sont intégrés, il est possible que des sites de ralentissement dynamiques présentent alors un intérêt ».
Jean-Pierre Julou s'appuie sur cette dernière phrase pour préciser les orientations qu'il souhaite. « Bien sûr, il ne s'agit pas de tout faire, mais on voit bien qu'un ouvrage ici, des talus par là, des plantations d'arbres, plusieurs petites solutions permettraient d'éviter ces petites inondations ».
Réunion publique le 17 février
Il en appelle à la solidarité. Il pointe aussi ce qu'il estime être une erreur « Pourquoi avoir rasé le barrage de la Motte ? » Et rappelle la situation des victimes « c'est un stress permanent. La basse-ville va se vider de ses commerces ». L'association Quimperlé inondations va aussi interpeller les élus et les candidats aux prochaines municipales lors d'une réunion publique qui aura lieu au Coat Kaër, le 17 février à 20 h.
De son côté, le président du Sage et de la Cle (Commission locale de l'eau), Marcel Jambou, regrette la divulgation de cette étude et n'a pas souhaité s'exprimer sur le sujet avant d'avoir réuni les membres de cette instance : « La commission chargée de ce dossier, c'est la Cle, elle compte 40 membres, ce sera à elle de valider. La vision d'une seule personne, je trouve cela regrettable ».