Monsieur le Sous- Préfet,
En avril dernier Mr Gilles LURTON Député d’Ille et Vilaine interrogeait Mr Gilles TRAIMOND sur les conséquences qu’aurait , pour l’IllE et Vilaine, la destruction des barrages de la Sélune. Ce dernier lui répondait de la façon suivante :
« Je tiens tout d’abord a vous préciser que les deux ouvrages en question sont des barrages hydro-électriques et non des réserves d’eau. Aucun captage n’y est réalisé et la conception de ces ouvrages ainsi que leur mode de fonctionnement en est radicalement différent. »
« La décision d’effacement de ces barrages, prise par le gouvernement en 2009 et confirmée depuis par tous les gouvernement successifs, fait suite à la volonté de rendre à ce fleuve une continuité écologique indispensable à la restauration de sa biodiversité passée, particulièrement dégradée par ces obstacles artificiels dont le coût environnemental devenait disproportionné face à leur apport en énergie (14 MW contre 240 MW pour la seule usine marémotrice de La Rance, par exemple ) »
VARINOT Jean-Louis Monsieur Gilles TRAIMOND
15 bis rue Roger VERCEL Sous-préfet
35800 DINARD AVRANCHES
Monsieur le Sous- Préfet,
Habitant Dinard c’est en tant que citoyen d’Ille et Vilaine que j’ai contacté M. le député Gilles LURTON sur les difficultés d’approvisionnement en eau potable notamment en région Côtes d’Emeraude. Plutôt que de réquisitionner les étangs privés de la région de St Malo je l’informais d’une possibilité de prélèvement dans la retenue du barrage de Vezins (20 millions m3 ) , sur la Sélune, alimentée, entre autres, par le bassin versant de 13 communes d’Ille et Vilaine. Par courrier M. LURTON vous a interrogé en ce sens et après lecture de votre réponse, je me permets d’apporter les précisions suivantes.
Très justement vous confirmez qu’aucun captage n’est réalisé dans les retenues mais avez oublié de signaler celui réalisé dans le lit de la rivière au Pont du Bateau à environ 1km en aval de la Roche qui Boit. Pour ce captage une convention a été conclue entre EDF et SIAEP pour soutenir les débits avec les barrages quand l’arrivant était inférieur à 2m3/s, dans ces périodes de forte chaleur ou les consommations d’eau sont les plus fortes. Qu’en serait- il , sans les barrages, leur eau prétraitée et les dérèglements climatiques annoncés.
Votre nomination à la sous-préfecture d’Avranches étant assez récente , je comprends fort bien que vous ignoriez quelques caractéristiques et performances des usines hydroélectriques de la Sélune.
Selon l’adage « l’ignorance c’est comme la science ça n’a pas de bornes » ; elle peut ainsi conduire
à des comparaisons inappropriées, comme par exemple, entre le barrage de Vezins et l’usine Marémotrice de la Rance ou vous comparez les puissances installées. Cependant, pour prendre un autre exemple je me permets de vous rappeler que parmi les trois propositions alternatives à l’arasement des barrages de la Sélune figurait la création d’une STEP portant la puissance installée de l’usine de Vezins à 50MW avec la suprématie de produire cette puissance effective en heures de pointe. Cela correspond précisément à la puissance installée de 5 (cinq) groupes de l’usine marémotrice de la Rance, qui eux par surcroit, ne produisent qu’en fonction des aléas des marées.
Pour ma part je connais très bien les usines de la Sélune pour y avoir eu des responsabilités pendant de nombreuses années ; je connais également et parfaitement l’installation de l’usine hydroélectrique de Rophemel (35) sur la Rance dont j’ai eu aussi la responsabilité.
Ce dernier barrage avait pour fonction en plus de la production d’électricité de fournir jusqu'à 30 000 m3 d’eau « potabilisables »par jour à la ville de Rennes ; contrairement à ce que vous affirmez cela ne posait aucun problème d’exploitation si ce n’est de considérer le prélèvement dans le calcul du débit de la Rance et de la facturation à la ville de Rennes comme un manque à gagner en production électrique.
Plus de la moitié des barrages d’EDF construits depuis de nombreuses années dans l’unique but d’une production d’électricité est partiellement utilisée aujourd’hui comme réserves d’eau « potabilisable » si bien qu’il est difficile de déceler un quelconque problème qui serait lié à la spécificité des ouvrages.
En Bretagne, en plus du cas cité ci-dessus, nous avons Guerlédan, St Barthelemy…
L’eau potable plus encore que l’électricité c’est la vie de l’Homme ; rares sont ceux qui ne l’auront pas compris.
Pour une meilleure information sur l’inventaire des installations de la Sélune, je vous invite à consulter le rapport SEPIA CONSEIL, payé par l’Etat à hauteur de la modique somme de 90.000€.
Un recueil de renseignements objectifs ne saurait avoir pour objet de conduire tout droit à l’arasement des barrages, sauf à utiliser des données falsifiées. A la lecture de ces informations, vous pourrez constater que « l’apport en énergie » des deux barrages c’est une moyenne annuelle de 28 GWh ,14 MW comme vous le mentionnez étant la puissance installée des deux usines, un paramètre qui n’entre pas directement dans le calcul de rentabilité des installations.
Il est bien évident qu’une production erronée, falsifiée truquée, fausse considérablement l’étude de rentabilité à laquelle vous faites référence.
L’eau, c’est aussi la vie pour les 99% des 20 000 riverains ayant refusé la destruction de cette immense réserve d’eau, le Château d’eau a ciel ouvert, le plus important de Normandie.
En cette attente, je vous prie d’agréer, Monsieur le Sous-Préfet l’expression de mes respectueux sentiments.
VARINOT Jean-Louis
Lettre ouverte
Copie à M. Gilles LURTON
Député d’Ille et Vilaine
M. Vincent LAGOGUET
Sous-Préfet de Saint-Malo