Publié le 27 Octobre 2020
1920 Mise en service de l’usine hydroélectrique de La Roche qui Boit
Mise en service en 1920 l’usine hydroélectrique de la Roche qui BOIT a été exploitée par la Société des Forces Motrices de la Sélune jusqu’ en 1946.Transférée à EDF à la nationalisation elle a été exploitée par cette dernière jusqu’en 2012.
Durant toute cette longue période les consignes d’exploitation de l’usine de la Roche qui Boit concernant les débits d’eau restitués en aval du barrage sont restées inchangées, à savoir :
« Si le débit naturel de la Sélune est inferieur à 30m3/s le débit lâché par l’usine de la Roche qui Boit ne doit pas dépasser30m3/s.
Si le débit naturel de la Sélune est supérieur à 30m3/s le débit lâché par l’usine de la Roche qui Boit ne doit pas dépasser le débit naturel de la Sélune. »
Un débit de 30 m3/s lâché en aval de la Roche qui Boit est autorisé en toutes saisons et sans paliers, peut passer instantanément de 2m3/s à 30 m3/s. Il s’agit là, d’une possibilité très intéressante dans le cas d’anticipation d’une crue.
Les lignes ci-dessus, nous confirment que le débit autorisé est conditionné par le débit naturel de la rivière d’une part et celui des premiers débordements.
Avec un débit supérieur à 30m3/s l’écoulement de la Sélune se fait suivant des débordements sur le lit majeur. Dans cette condition la Sélune passe de l’état hors crue à l’état de crue.
« Le lit majeur ou lit d’inondation ou champ d’inondation du lit d’un cours d’eau désigne la partie qui n’est inondée qu’ en cas de crue il est situé immédiatement de part et d’autre du lit mineur en jouxtant ce dernier. »N’est inondé que quelques jours par an.
Les débits de la Sélune supérieurs à 30m3/s engendrent, tout d’abord, des débordements au Bois d’Ardennes, tandis qu’un débit de 54m3/s, proche d’une crue biennale, risque d’inonder toutes les prairies en aval de la N176.
1996 ARRETE
Arrêté Préfectoral du 15 février 1996, portant règlement d’eau de l’usine hydroélectrique de la Roche qui Boit et Saint Laurent de Terregatte.
Ce document de 12 pages apporte des changements radicaux et profonds dans les consignes d’exploitation ainsi que sur des nouveaux débits décrétés hors crue.
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Apres un nombre important d’interdictions, nous découvrons avec stupéfaction, un nouveau cahier des charges hors crue concernant le réglage des débits jusqu’a 50m3/s c'est-à-dire entre 30 et 50m3/s la rivière n’est pas considérée comme débordante puisque déclarée hors crue.
Le bureau d’études SEPIA CONSEILS, dans son rapport mis à jour en juin 2009,Etudes du devenir des barrages de la Sélune ne parle pas de cet arrêté mais nous rappelle, entre autres, que les consignes relatives à l’exploitation de l’usine de la Roche qui Boit sont inchangées depuis 1920 (page 9), cela signifie aussi que pour une raison inexpliquée, pendant plusieurs années, les consignes dont il est question n’ont pas été suivies d’effet.
SEPIA CONSEILS nous rappelle aussi que les débits de la Sélune supérieurs à 30m3/s engendrent, tout d’abord, des débordements au Bois d’Ardennes, tandis qu’un débit de 54m3/s risque d’inonder toutes les prairies en aval de la N176.
2012 EGIS EAU
Expertise sur le rôle des barrages de la Sélune lors des crues (novembre2012)
Barrage de Vezins et inondation du12/11/2000- Rapport d’expertise (EGIS EAU pour DDTM page11)
« Ce rapport d'expertise sur le rôle des deux barrages EDF lors de la crue du 12 novembre 2000, fait suite à une expertise ordonnée suite aux inondations engendrées dans les communes voisines (St-Hilaire-du-Harcouët, Poilley sur le Homme et Ducey). Ce rapport expose le principe de gestion en période de crue des barrages de Vezins et de La Roche-qui-Boit. Il précise notamment le mode général de calcul des débits entrants dans le barrage de Vezins. »
« On note que la pluviométrie au niveau de l'usine de Vezins est relevé à une fréquence journalière. Concernant la gestion des deux barrages, l'état de veille est déclaré à partir d'un flux entrant de 54 m3 /s à Vezins . Les données hydrologiques et d'exploitation à Vezins et La Roche-qui-Boit sont alors relevées toutes les heures. L'état de crue n'est quant à lui décrété qu'à partir d'un débit entrant de 100 m3 /s. Dans ce cas, ces mêmes données doivent être relevées toutes les demi-heures. Le débit entrant au barrage de Vezins est calculé à partir des fluctuations de hauteur d'eau dans la retenue entre deux pas de temps, et de la connaissance des débits sortants (débits turbiné et déversé) :
Débit entrant = Débit lié à la variation de réserve + Débit turbiné + Débit déversé »
Il est fort probable, que suite à l’AP du 03/07/2012 relatif à la gestion de l’usine de Vezins pour le compte de l’état, qu’un nouveau cahier des charges concernant les débits pour l’usine de la Roche qui Boit, ait été élaboré en s’inspirant de l’AP de 1996 et du rapport EGIS EAU ce qui donne pour aujourd’hui les consignes suivantes :
Dès que le débit entrant dans la Sélune atteint 54m3/s l’état de vieille est signalé aux autorités.
L’état de crue n’est quant à lui décrété et signalé aux autorités qu’à partir d’un débit de 100m3/s.
Cela signifie que les petites crues sont escamotées en n’étant plus considérées comme telles, que tous les débits de 30 à 99m3/s sont considérés hors crue et que toute la surface inondée du lit majeur de la Sélune à Ducey est devenue le lit mineur de cette dernière, d’où la disparition de dégâts causés par des débordements.
A noter que l’installation de la Roche qui boit est toujours exploitée par EDF depuis le barrage de la Rance
. Cette initiative, illogique, sans se référer aux règles, grève sérieusement les propriétaires et exploitants des terrains situés dans le périmètre du lit majeur de la rivière. La quasi totalité de leur propriété située en zone inondable a été pratiquement subtilisée en devenant une extension du lit mineur ou lit naturel de la Sélune.
D’après les données de la DIREN Basse Normandie, les débits journaliers des crues la
Sélune à Ducey (BV=720 km²) sont les suivants :
Crue biennale : 53 m3/s (intervalle de confiance à 95%, [49 ; 58 m3/s]),
Crue quinquennale : 74 m3/s (intervalle de confiance à 95%, [68 ; 83 m3/s]),
Crue décennale : 88 m3/s (intervalle de confiance à 95%, [80 ; 100 m3/s]),
Crue vicennale : 100 m3/s (intervalle de confiance à 95%, [91 ; 120 m3/s]). » (SEPIA page 13)
Au début du siècle dernier, fatigués de constater les désagréments répétitifs et inattendus causés aux habitants de Ducey par les caprices de la Sélune, quelques ingénieurs ont cherché une solution à cette fluctuation des débits.
Les besoins urgents d’énergie électrique de l’époque ont facilité la recherche qui a vite été orientée et solutionnée avec la création de barrages.
D’abord par la construction du barrage de La Roche qui Boit créant un lac de 40ha, d’une capacité de 4 000 000 m3 dont 900 000 m3 exploitables cet ouvrage joue un rôle important de régulateur et d’accumulateur ,cette installation a toujours régulé l’écoulement des débits du fleuve en absorbant les pics du débit arrivant , par la suite la réserve d’eau créée a également été utilisée pour démoduler à l’échelle de la journée le débit maximum des éclusées de Vezins (54m3/s débit d’une crue biennale).
La construction du barrage de Vezins a créé une réserve d’eau très importante de 19 000 000 de m3 Avec les possibilités offertes, de délestage et emmagasinage de la retenue, l’exploitation de l’usine de Vezins a toujours eu une incidence très bénéfique sur les petites crues en aval de La Roche qui Boit.
Bien des crues de la Sélune en arrivant dans la retenue de Vezins n’ont pas été perçues en aval de La Roche qui Boit.
Suite à des précipitations importantes, dès qu’elles apparaissaient probables, toutes les crues de la Sélune à Vezins ont été gérées en anticipant un débit maximum autorisé (30m3/s)en aval de La Roche qui Boit afin d’obtenir un délestage substantiel de la retenue de Vezins qui ultérieurement permettait un bon emmagasinage dans un moment critique de la crue. (Pour information je rappelle qu’un débit supplémentaire de 15m3/s permet, en un jour, un délestage de la retenue de Vezins de 1,300 000m3 qui conforte celui déjà existant)
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J-L Varinot
Association Entre Lac et Mer