Boues des Step urbaines : le retour d'expérience des adhérents d'Amorce

Publié le 6 Décembre 2012

Boues des Step urbaines : le retour d'expérience des adhérents d'Amorce

Flux entrants, choix des traitements, coûts, Amorce s'est intéressé à la gestion des boues des stations d'épuration urbaines de ses adhérents. Son enquête montre que la valorisation organique reste une solution intéressante pour les collectivités.

Aussi bien d'un point de vue environnemental qu'économique, la valorisation organique des boues destations d'épuration urbaines (Step) constitue une solution intéressante pour les collectivités, selon uneétude d'Amorce, publiée en novembre 2012. L'association a réalisé auprès de ses adhérents une enquête sur leurs choix concernant la gestion des boues. Epandage direct, compostage ou méthanisation, les résultats de l'étude montrent que la plupart des boues retournent au sol.

L'enquête a recensé les données correspondant à 123.601 tonnes de matières sèches de boues traitées et valorisées ou éliminées en 2011. En comparaison, au niveau national, le gisement de boues issu des Step représente 1,1 million de tonnes de matières sèches en 2010, selon le ministère de l'écologie, du développement durable et de l'énergie.

Accroissement démographique, meilleure efficacité des stations d'épuration urbaines et augmentation du taux de raccordement aux réseaux d'assainissement collectif, la production a connu une augmentation entre 1999 et 2007. Elle se stabilise aujourd'hui.

22 Step reçoivent des eaux usées industrielles

Concernant les effluents, vingt-deux des collectivités interrogées reçoivent des eaux usées industrielles dans leurs step. Pour 9% de ces dernières, ces effluents représentent entre 21 et 30% des flux. Pour la majorité (57%), cependant, cette part reste en dessous de 20% du volume total traité. 34% des collectivités ne connaissent pas le pourcentage des eaux industrielles reçues dans leurs stations d'épuration.

Pour la question des traitements, l'état des lieux d'Amorce révèle que la déshydratation seule ainsi qu'en combinaison avec l'épaississement restent les solutions les plus utilisées.

"La technique de centrifugation est beaucoup plus utilisée que le filtre presse qui est moins adapté à tous les types de stations d'épuration - plus lourd à exploiter, moins automatisable", note Amorce.

Ensuite, vingt-cinq des collectivités interrogées épandent directement leurs boues traitées (soit 74.493 tonnes de matières sèches (MS) en 2011). La siccité serait comprise entre 21 et 30%. La majorité fait appel à un prestataire pour valoriser les boues et assurer le suivi des opérations. " Huit collectivités sur 12 ont indiqué, lors de cette enquête, ne rien payer à l'agriculteur et 4 ont fixé un prix variant de 2 à 20 €HT / tonne de boue épandue, qui correspond à des prestations diverses d'analyses et de suivi de l'épandage",précise le document.

Le Syndicat des Professionnels du Recyclage en Agriculture estime le coût global d'épandage des boues (incluant le transport, les analyses, l'épandage et le suivi) à une fourchette comprise entre 20 et 30 € par tonne épandue. Un tiers de ce prix correspond au transport des boues. Selon l'enquête Amorce, la prise en charge économique du transport des boues est assurée à 86% par le service assainissement, 7% par le service déchets, 3% par l'assainissement et les déchets et 4% par un société privée qui récupère les boues pour les valoriser.

"Cinq collectivités ont signalé qu'elles rencontraient des difficultés pour réaliser cet épandage essentiellement en raison de l'incohérence entre la grande quantité de boues produites d'une part et la petite surface et la courte période d'épandage autorisées d'autre part", pointe Amorce.

Pour y remédier, la stratégie de trois d'entre elles consistera à se tourner vers le compostage ou la méthanisation pour réduire la quantité de boues à épandre et faciliter le stockage des boues en dehors de la période d'épandage.

Vingt-trois collectivités parmi les sondées ont préféré envoyer une partie de leurs boues en compostage ou en méthanisation (27.396 tonnes MS).

"Selon le contexte et la technologie utilisée, le prix payé pour le compostage varie (…) les exploitants d'installations de compostage indiquent une moyenne de 45-50 €/tonne voire jusque 70 €/ tonne de boues, incluant l'amortissement de l'installation (15 à 20 €/tonne)", détaille Amorce. Trois des collectivités sondées ont vendu 23.942 tonnes de compost à un prix moyen de 3,3 €HT/tonne.

Le compost de boues de Step, un déchet ?

D'un point de vue réglementaire, les composts et digestats de boues de stations d'épuration urbaines pourraient ne plus être considérés comme des déchets au niveau européen.

Le Centre de recherche de la Commission européenne (JRC) doit transmettre prochainement un rapport final sur cette question à la Commission européenne. Celle-ci décidera ensuite de la publication ou non d'un règlement européen (qui s'appliquerait alors directement aux Etats membres, sans délai).

Les composts issus de boues de Step ne peuvent pas être utilisés pour des sols exploités en agriculture biologique.

Onze collectivités ont choisi l'incinération (18.086 tonnes MS) dont 8 d'entre elles qui co-traitent les boues avec les ordures ménagères (siccité moyenne de 20 à 30%).

"Le prix que les producteurs de boues paient pour la valorisation énergétique varie de 58 à 107 €HT/ tMB, soit en moyenne 70 €HT/ tMB, note Amorce, sachant que la moyenne nationale du prix de l'incinération des déchets est de 84 €HT par tonne incinérée pour les collectivités clientes d'un incinérateur en 2009".

6.495 tonnes enfouies avec une siccité comprise entre 30% et 40%

Quatre collectivités continuent à opter pour un enfouissement (2.176 tonnes MS). Depuis juillet 2002, les boues ne devraient plus être stockées en centre d'enfouissement. Cette échéance n'a cependant pas pu être respectée en Europe. La réduction progressive du stockage des déchets municipaux biodégradables a donc été planifiée jusqu'en 2015. Les boues sont autorisées en installation de stockage de déchets non dangereux (ISDND) si elles contiennent au moins 30 % de matière sèche.

Selon l'enquête d'Amorce, 6.495 tonnes de boues ont été enfouies en 2011 avec une siccité comprise entre 30% et 40%.

"Les producteurs de boues paient un prix variant de 47 à 96 €HT/ tMB hors TGAP pour envoyer les boues en ISDND, soit 67 €HT/ tMB en moyenne, souligne Amorce, d'après les résultats de cette enquête, la quasi totalité des boues traitées thermiquement ou stockées sont préalablement épaissies, déshydratées et/ou séchées sur STEP, mais rarement stabilisées".

Une des autres options retenues par les collectivités interrogées par Amorce consiste enfin à valoriser les boues en papeterie ou en cimenterie (1.450 tonnes MS).

Rédigé par jojo

Publié dans #Coût de l'opération

Repost0
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article