Publié le 10 Février 2015
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Loir-et-Cher - Environnement
Beuvron et Cosson : ils défendent leurs moulins
07/02/2015 05:38
Des propriétaires de moulins à eau voient ces derniers comme des sources d’électricité potentielles, et dénoncent la loi sur la continuité écologique.
L'arasement d'un barrage représente la destruction d'une source d'énergie potentielle. Tel est l'argument qui opposent Jean-Pierre Rabier, président de l'Association de sauvegarde des moulins à eau (ASME) du Loir-et-Cher, Stanislas Moreau, copropriétaire d'un moulin à eau au sud de Blois, et Édouard De Bondy, propriétaire d'un moulin sur le Beuvron, à l'État français et à sa loi sur la continuité écologique. En effet, cette dernière imposera, en 2017, la mise en place d'une libre circulation des poissons sur certains cours d'eau, dont le Beuvron et le Cosson, impliquant que les 52 ouvrages situés sur ces rivières soient aménagés, pour être franchis aisément ou bien supprimés (lire la NR du 19 janvier).
Dans cette perspective, une étude commandée par le Syndicat d'entretien du Beuvron (SEEB) avait été envoyée, en décembre, aux propriétaires de seuils ou de barrages dans le secteur concerné. Pour chaque ouvrage, une solution – effacement total, effacement partiel, manœuvre des vannes ou création d'un dispositif de franchissement – a été préconisée. « On m'a recommandé la suppression complète », déplore Stanislas Moreau qui estime qu'une fois équipé son moulin pourrait alimenter « une douzaine de pavillons » en électricité. Jean-Pierre Rabier et Édouard De Bondy, dont le moulin, équipé d'une turbine, lui permet de produire et de vendre de l'énergie, défendent cette idée. « On propose aux propriétaires une subvention allant jusqu'à 100 % de la somme nécessaire à l'arasement de leur ouvrage », affirment-ils. « Pourquoi ne pas leur offrir plutôt une aide, afin qu'ils l'exploitent comme source d'énergie hydroélectrique ? »
" Le troisième patrimoine architectural français "
Les trois hommes dénoncent, par ailleurs, la menace qui pèserait, selon eux, à travers cette loi, sur « le troisième patrimoine architectural français », ainsi que l'argument écologique de l'État, qui souhaite restaurer un équilibre des cours d'eau en y instaurant un écoulement naturel des sédiments et une circulation efficace des poissons. « Nous estimons que la pureté, la qualité de l'eau ne sont pas essentiellement liés au principe de continuité écologique », détaillent-ils. « Les pénuries de poissons sont bien plus récentes que la construction de nos barrages et moulins, dont certains datent du Moyen Age. »
repères
> Si les propriétaires de moulins à eau acceptent les propositions émises par l'étude commandée par le Syndicat d'entretien du bassin du Beuvron, ils bénéficieront d'aides financières, à hauteur de 50 à 100 % du montant des travaux.
> S'ils les rejettent, ils devront faire en sorte de mettre leurs ouvrages aux normes, par eux-mêmes, d'ici 2017.
Léa Bouquerot