Inondations - Un an après la crue, l'agence de l'eau Seine-Normandie tire le bilan

Publié le 5 Juillet 2017

Inondations - Un an après la crue, l'agence de l'eau Seine-Normandie tire le bilan
 

 

Crue du Loing, inondation en Seine-et-Marne le 3 juin 2016
 

Débordement de cours d'eau, phénomènes de ruissellement intenses localisés ou de remontées de nappe, submersion marine sur le littoral… "Le bassin Seine-Normandie est soumis à quatre types d'inondations qui peuvent se cumuler", a alerté Jérôme Goellner, directeur régional et interdépartemental de l'environnement et de l'énergie (Driee) d’Ile-de-France, lors d'un point presse organisé le 3 juillet par l'agence de l'eau Seine-Normandie.
Principale leçon tirée un an après la crue de juin 2016 : le besoin de consolider l'existant, de muscler les politiques actuelles. La vulnérabilité du bassin Seine-Normandie est connue : 4,8 millions d'habitants y vivent en zone inondable et 3 millions d'employés y travaillent. L'impact d'une crue y est plus dévastateur qu'ailleurs sur le plan économique : suite à celle de 2016, le chiffre atteint près d'1,5 milliard d'euros selon les assureurs. La vulnérabilité des réseaux d'eau, d'électricité et de télécommunications y est palpable. "Deux visions s'y opposent, une vision bassin versant et une vision littoral. Or on ne peut plus se permettre de diviser, il nous faut regrouper les forces", conseille Jérôme Goellner. C'est tout l'enjeu de la stratégie d’organisation des compétences locales de l’eau (Socle) à réaliser d'ici la fin de l'année et dont le projet est mis à la disposition des collectivités. "Un exercice dans lequel il faut injecter plus d'intelligence collective", préconise pour sa part Sébastien Dupray, chef de service eau à la Driee.

Effet accélérateur

La Socle intégrera des propositions d’évolution des modalités de coopération entre collectivités sur les territoires à enjeux. Elle vise aussi à rationaliser le nombre de syndicats (fusion/disparition de certains). "Un quart du bassin n'étant pas couvert, ces syndicats mixtes d'aménagement et d'entretien des rivières vont devoir être consolidés, voire créés pour couvrir ces territoires orphelins. A cet enjeu d'organisation s'ajoute un enjeu d'expertise et de technicité. Pour cela, il faut, sur le territoire, des structures outillées et pérennes", poursuit l'expert. Et, dans les territoires à risque important d'inondation (TRI), une stratégie locale de gestion (SLGRI). "La dernière crue a eu un effet accélérateur : les 16 TRI représentant 376 communes sont tous dotés d'une stratégie, à l'exception d'un seul pour qui c'est en cours", observe Jérôme Goellner.

Rendre les villes perméables

"Outre les systèmes classiques d'endiguement, on redécouvre la fonction de réduction des inondations des rivières, des milieux naturels et des zones humides", relève Patricia Blanc. La directrice générale de l'agence de l'eau Seine-Normandie cite l'appui financier que son établissement offre à des aménagements d'hydraulique douce : "Ces travaux de restauration du lit ou de reméandrage de rivières permettent une réduction notable du risque et des phénomènes d'inondation." Elle constate par ailleurs un engouement des collectivités pour la désimperméabilisation. Des pionnières s'étaient lancées en testant des techniques dites alternatives qui offrent la possibilité de déconnecter, infiltrer, temporiser les eaux pluviales à la source et ainsi limiter la surcharge des réseaux et les déversements dans le milieu naturel : "Revégétalisation des berges, multiplication des noues, toitures ou parkings végétalisés, désimperméabilisation d'un parvis d’hôtel de ville, n'ont en soi rien de nouveau. Mais ce besoin de rendre la ville perméable est croissant. Il faut suivre et passer à la vitesse supérieure", motive-t-elle.

Nouveau dispositif d'indemnisation

La réorientation des crédits de l'agence au-delà de son périmètre habituel bénéficie à des actions de réduction du ruissellement rural ou au financement d'études liées dans des collectivités à cet enjeu de gouvernance (une trentaine d'études financées). Mais aussi à l'identification et à la restauration de zones d'expansion de crues (ZEC) et de zones de rétention temporaire des eaux (ZRTE), aménagées pour accroître artificiellement la capacité de stockage des eaux de crues ou de ruissellement, en vue de préserver des zones habitées situées en aval. "Il s'agit de retenir les eaux de crues sur des terres agricoles et d'indemniser leurs propriétaires pour ce préjudice", explique Patricia Blanc.
L'un des rares établissements à l'avoir déjà instauré est l'Entente interdépartementale pour la protection contre les inondations de l'Oise, de l'Aisne, de l'Aire et de leurs affluents (EPTB Entente Oise Aisne). Un site d'écrêtement des crues y a été aménagé sur des terres agricoles, avec à l'appui une servitude d'utilité publique et un protocole pour cadrer l'évaluation et l'indemnisation des préjudices liés à l'activité agricole. "Un cas pionnier dont nous nous sommes inspirés pour notre propre dispositif d'indemnisation, qui est opérationnel si des collectivités sont intéressées. Nous comptons d'ailleurs communiquer dessus et leur faire connaître", conclut-elle.

Rédigé par jojo

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