Amélioration de la qualité de l'eau des rivières : rien n'est irréversible

Publié le 30 Janvier 2020

Amélioration de la qualité de l'eau des rivières : rien n'est irréversible

A l'occasion du Carrefour des gestions locales de l'eau à Rennes, les acteurs de l'eau ont rappelé la nécessité de rester ambitieux sur l'amélioration de la qualité de l'eau. Et même si les progrès sont lents, ils démontrent que rien n'est perdu.

Amélioration de la qualité de l'eau des rivières : rien n'est irréversible

Le rendez-vous breton des acteurs de l'eau s'est ouvert ce mercredi 29 janvier à Rennes au Carrefour des gestion locales de l'eau. L'occasion de faire le point sur la politique menée par la France en la matière. Comme tous les États membres de l'Union européenne, l'Hexagone doit améliorer la qualité de ses masses d'eau comme l'impose la Directive cadre sur l'eau (DCE). L'échéance de 2027 approche, même si la France a usé des dérogations prévues dans la Directive pour la repousser. Une manoeuvre qui ne doit pas encourager la relâche mais au contraire, conduire à redoubler d'efforts.

Qui va lentement va sûrement

"Aujourd'hui, 45 % des masses d'eau sont en bon état en France, a rappelé Olivier Thibault, directeur eau et assainissement au ministère de la Transition écologique. On a donc accompli un travail considérable par rapport à nos voisins européens. Et je suis optimiste car la prise de conscience est généralisée dans la société". Plusieurs exemples de programmes de reconquête de la qualité de l'eau démontrent en effet les progrès accomplis. "Rien n'est irréversible, confirme Thierry Burlot, président du comité de bassin Loire-Bretagne. Et la politique de l'eau est l'une des rares politiques publiques à bénéficier encore d'une certaine visibilité. Deux milliards d'euros sont consacrés chaque année à l'eau et la biodiversite".

La situation actuelle est le fruit de plusieurs dizaines d'années d'efforts à l'instar des résultats observés pour le Couenon, un fleuve côtier breton. Son bassin versant fait l'objet d'un Sage depuis plusieurs années qui a permis d'améliorer la qualité de son eau. Tout n'est pas encore réglé mais la dynamique de la DCE insufle dans le Sage. "Au niveau local, la DCE se traduit par une ambition commune de retrouver la qualité des masses d'eau du département. Atteindre 100 % des masses d'eau en bon état en 2027 ça va être dur, mais la dynamique est lancée", témoigne Joseph Boivert, président de la Commisssion locale de l'eau (Cle) du Sage.

Le programme de reconquête de l'Escaut est lui aussi une preuve du bien-fondé de la politique de l'eau par bassin versant. Ce fleuve, qui prend sa source à Cambrais (Nord) et qui traverse la Belgique avant de se jeter en mer du Nord, a bénéficié d'un programme spécifique et transfrontalier dès 1994. Alors le fleuve le plus pollué d'Europe, l'Escaut reprend vie aujourd'hui. "Nos masses d'eau sont encore dans le rouge mais la qualité de l'eau s'est indéniablement améliorée. Les poissons sont revenus", se félicite Arnould Lefébure, fondateur de Good Planet Belgique.

Aller plus loin avec plus de cohérence dans les politiques publiques

Mais la guerre de la qualité de l'eau est loin d'être gagnée et le moindre recul peut être très pénalisant avec un thermomètre très sévère : "Avec la DCE actuelle, si la masse d'eau se dégrade sur un paramètre, elle est systématiquement déclassée. Alors comment communiquer sur des réussites si les chiffres des masses d'eau en bon état stagnent voire régressent ?, s'interroge Olivier Thibault du ministère de la Transition écologique. Il faut un thermomètre qui permet de valoriser les réussites sans cacher les difficultés", plaide-t-il.

Surtout que, si la qualité de l'eau s'améliore, les bassins versants doivent désormais faire face à des questions quantitatives. D'autres enjeux font ainsi leur apparition. Le challenge se renforce et va nécessité de changer de braquet dans la politique de l'eau. "Aujourd'hui nous sommes confrontés à une hausse des besoins en eau potable en période chaude, les périodes de tension sont de plus en plus fréquentes, il faut désormais que l'on travaille sur l'aspect quantitatif, témoigne Joseph Boivert, de la Cle du Couenon. Et on se rend compte que notre Sage n'est pas assez prescriptif en la matière".

 

 
Il faut enfin des politiques publiques qui intègrent la sobriété des ressources naturelles dans leur modèle
 
Thierry Burlot, président du comité de bassin Loire-Bretagne
 
À cet enjeux de changement climatique s'ajoute un handicap supplémentaire : l'absence de cohérence dans les politiques publiques. "Des progrès ont été accomplis mais nous sommes encore assez loin du compte, estime Marie-Hélène Aubert, présidente du conseil d'administration de l'agence de l'eau Loire-Bretagne. L'agence n'a pas de baguette magique pour résoudre les contradictions des politiques publiques. Nous concentrons notre action sur les mesures de prévention car nous ne pouvons pas réparer tout ce qui est détruit pas ailleurs", previent-elle, faisant référence à une politique d'aménagement du territoire très consommatrice d'espaces naturels, à une politique agricole commune encore basée sur les rendements, à une fiscalité locale bénéfique à ceux qui artificialisent. "Il faut enfin des politiques publiques qui intègrent la sobriété des ressources naturelles dans leur modèle", estime aussi Thierry Burlot, président du comité de bassin Loire-Bretagne.

 

Et cette incohérence peut être visible à tous les niveaux : la définition et la cartographie des cours d'eau interprétée par les préfets de manière très défavorable à la protection des milieux interroge. "Nous allons renvoyer une nouvelle instruction à tous les préfets pour corriger le tir", promet Olivier Thibault, en réponse aux décisions de justice qui annulent les uns après les autres les arrêtés départementaux.

Rédigé par jojo

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