Barrages / sud-Manche : un démantèlement unique dans le monde

Publié le 7 Juin 2012

Barrages / sud-Manche : un démantèlement unique dans le monde

Jamais un ouvrage de la taille de Vezins n'a encore été détruit, sans parler du sort réservé aux sédiments pollués sommeillant au fond de la retenue.

Barrages / sud-Manche : un démantèlement unique dans le monde

Selon une étude comparative rendue publique le 5 juin, le démantèlement des barrages de Vezins et La Roche-qui-Boit est un cas unique en Europe et dans le monde. Un suivi scientifique accompagnera leur effacement.

L'étude avait été évoquée par les services de l'État sans plus de précision. Dans le cadre du projet d'arasement des barrages de Vezins et La Roche-qui-Boit, la préfecture de la Manche a rendu public mardi 5 juin sur son site internet une analyse comparative des différentes opérations de démantèlement d'ouvrages hydrauliques à travers le monde.

Ce document, d'une vingtaine de pages, confirme le caractère inédit de l'opération que s'apprête à connaître le sud-Manche entre 2013 et 2017, et justifie l'exigence d'exemplarité demandée par le ministère de l'environnement dans la conduite de ce processus.

Que ce soit en Amérique du Nord ou en Europe, "aucune situation comparable à la Sélune ne peut être retrouvée", affirment les cabinets d'études mandatés par la Direction départementale des territoires et de la mer (DDTM). "Le projet de démantèlement de Vezins et la Roche-qui-Boit dépasse de très loin par son ampleur ceux réalisés dans l'est des États-Unis", région où la politique d'effacement de barrages a été la plus active depuis 1999.

Les acteurs locaux, clé de réussite de la reconversion

En France, les opérations de grande dimension sont rares, et seuls les exemples du Coupeau dans la vallée du Vicoin en Mayenne et de Kernansquillec sur le Léguer dans les Côtes d'Armor peuvent prétendre servir de référence pour une étude comparative avec Vezins et La Roche-qui-Boit. Mais dans ces deux cas de figure, les acteurs locaux et les habitants se sont appropriés le projet en co-construisant le nouvel aménagement de leur vallée. Ce qui n'est pas le cas de la population du sud-Manche où "la décision d'arasement est ressentie comme une contrainte imposée d'en haut au nom d'enjeux et d'obligations réglementaires".

Or, les experts sont formels : la réussite de la reconversion de la vallée autour "d'une rivière partagée" dépendra de l'implication des acteurs locaux, notamment des élus, et de la prise en compte "des spécificités du territoire" et "des demandes locales". "Le schéma de développement durable de la vallée s'adresse donc avant tout aux habitants", rappelle le document à l'adresse du porteur du projet.

Vezins et La Roche-qui-Boit portés au rang d'exemples

Les exemples du Vicoin et de Léguer pourraient cependant s'avérer d'une portée limitée, et ce à deux titres. D'une part, parce que les hauteurs des retenues de Coupeau (1,8 m) et de Kernansquillec (15 m) ne sont pas transposables à celle de Vezins (36 m). Jamais un ouvrage de cette taille n'a encore été détruit, sans parler du sort réservé aux sédiments pollués sommeillant au fond de la retenue. D'autre part, car aucune procédure de suivi ou d'évaluation - particulièrement en ce qui concerne la dimension socio-économique - n'a été menée de manière précise pour ces deux précédents cas.

"On ne bénéficie pas d'un retour d'expérience rigoureux sur les opérations menées jusque-là", corrobore l'étude, estimant "indispensable d'accompagner l'opération de la Sélune d'un véritable suivi scientifique" avant, pendant et après. Dans l'optique de futurs démantèlements, ce suivi permettra "d'acquérir une meilleure connaissances des bénéfices et limites d'une telle opération tant sur les plans écologique, pisicole, hydrologique, géomorphologique et sédimentaire que sur les dimensions sociales et économiques". Vezins et La Roche-qui-Boit essuieront donc les plâtres.




Publié par A.P le 06/06/2012 à 20h00

Rédigé par jojo

Publié dans #arasement pollution

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