Débat sur l'énergie : essai de démocratie participative à l'échelle nationale

Publié le 28 Mai 2013

Débat sur l'énergie : essai de démocratie participative à l'échelle nationale

Samedi, 1.115 citoyens étaient réunis dans 14 régions pour débattre de la transition énergétique. La ministre de l'Ecologie tire de cette expérience un premier bilan positif et estime que ces enseignements vont peser sur le débat et le gouvernement.

Alors que le débat national sur la transition énergétique se déroule depuis plusieurs mois au niveau local et national, le ministère de l'Ecologie organisait, samedi 25 mai, une "journée citoyenne", visant à recueillir les avis de citoyens non experts sur les grandes questions liées à la transition énergétique. Le principe : rassembler, dans la même journée, des groupes de citoyens dans plusieurs régions et les faire débattre de l'enjeu énergétique, selon le même protocole. La méthodologie utilisée est celle développée par le Danish board of technology, World Wide Views. Celle-ci a été utilisée à l'échelle mondiale lors du sommet de Copenhague sur le climat, en 2009.

La démocratie participative à l'épreuve

Chaque participant a reçu, une quinzaine de jours avant la journée citoyenne, un livret d'information sur la transition énergétique. Le jour même, sur chaque grand thème, étaient projetées des séquences vidéo de 5 minutes pour poser le sujet. Ces vidéos étaient suivies de 45 minutes de débat entre citoyens. A l'issue de ces deux étapes, chaque citoyen était invité à répondre de manière individuelle à un questionnaire.

Résultat : "Cette première à l'échelle nationale d'un processus de démocratie participative (…) a été une réussite", analyse Delphine Batho, ministre de l'Ecologie. "J'ai vu sur le terrain une soif de participation des citoyens. Avec une interpellation forte sur la suite qui serait donnée à ces échanges".

En effet, si, à l'issue de cette journée, 94% des 1.115 participants estiment que l'organisation d'autres démarches de participation nationale comme celle-ci, sur d'autres sujets, serait souhaitable, 34% d'entre eux avouent ne pas savoir si les résultats de cette journée seront utilisés de manière utile dans la prise de décision politique et 16% pensent qu'ils ne le seront pas. Point sur lequel Delphine Batho s'est voulue rassurante : "Ces résultats vont peser sur le débat et sur le gouvernement".

Transition : une occasion de changer de modèle

Sur le fond, les premiers enseignements montrent que les citoyens interrogés se sont appropriés le sujet, malgré sa complexité, et que trois quarts d'entre eux ont une vision positive de la transition énergétique. "La transition énergétique est vue comme une chance, une opportunité de changer de modèle, avec une convergence forte des enjeux énergétiques, économiques et sociaux", souligne la ministre de l'Ecologie.

A la question, "la transition énergétique pour la France, selon moi, c'est…", sur 10 items proposés (les citoyens pouvant en sélectionner deux), 64,55% ont répondu "une chance de s'engager dans un modèle de société plus sobre, avec une nouvelle qualité de vie, plus respectueuse de l'environnement" et 48,05% ont répondu "une urgence, car le modèle énergétique actuel n'est plus soutenable du point de vue de l'environnement". Plus de 33% estiment que c'est une opportunité pour créer des emplois et 27% que c'est une occasion de rééquilibrer notre balance commerciale. En revanche, ils sont une minorité à penser que c'est "une erreur" (1,33%), "un retour en arrière" (1,51%), "un risque fort" pour les emplois notamment (4%).

A contrario, ne pas changer de stratégie énergétique conduirait à faire peser le risque sur les générations futures (48%), à une dépendance énergétique trop forte (44%) et à une augmentation durable et accentuée du coût de l'énergie (42%).

Ils attendent donc, à l'issue du débat, le lancement d'un vaste programme de R&D au niveau national et européen (49%), la réorientation des investissements vers les énergies renouvelables et les filières économiques (46%), l'introduction d'une fiscalité écologique et incitative (39%) et l'accompagnement des ménages (31%).

Le pilotage de la transition doit provenir de l'UE (53%), de l'Etat (47%) et des bassins de vie (35%).

De la théorie à l'action

Les citoyens ont ensuite été interrogés sur leur propre participation à la transition. Ils estiment cependant que l'effort doit d'abord provenir de l'Etat (56%), des fabricants et des secteurs comme l'agriculture, la construction, l'agroalimentaire (49%), des entreprises (48%), des collectivités (47%). Un citoyen sur trois pense que les ménages doivent contribuer à l'effort en priorité. Rien de surprenant : les citoyens sont prêts à agir si l'ensemble des parties prenantes s'engage dans la transition énergétique.

Ainsi, 44,57% pensent pouvoir agir sur leurs déplacements, 35% sur leur consommation courante, 33% sur les actions courantes à la maison (cuisson, eau chaude, lumière), 32% sur l'achat d'appareils plus performants et 32% sur l'isolation de leur logement.

Ils sont prêts à consentir une hausse du prix de l'énergie si cela entraîne des effets positifs sur l'environnement et la santé (50%), sur l'économie et les emplois (37%) et s'ils n'en ressentent pas le poids grâce à une réduction de leurs consommations (28%).

Selon eux, les freins aux changements de comportements résident dans le manque de moyens financiers (40%), la difficulté de mise en œuvre des solutions (33%) et l'incertitude d'un retour sur investissement pour des équipements plus performants (32%).

C'est pourquoi, ils pensent que le plus efficace serait la mise à disposition de technologies efficaces énergétiquement (bâtiment, transports…) pour 68% d'entre eux, un soutien financier pour l'achat d'équipements et la réalisation de travaux (62%) et l'accompagnement des particuliers (informations, conseils).

Sophie Fabrégat

Rédigé par jojo

Publié dans #Réaction de nos politiciens

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