Hydraulique : à quand la libéralisation des concessions ?

Publié le 12 Mars 2013

Hydraulique : à quand la libéralisation des concessions ?

Selon une étude Xerfi, entre les scénarios alternatifs étudiés par l'actuel gouvernement et la libéralisation des barrages, l'option la plus crédible reste la mise en concurrence des concessions.

Entre la volonté de Bruxelles d'obtenir une libéralisation du marché de l'énergie et celle du gouvernement français d'étudier des "scénarios alternatifs", la filière française de l'hydraulique reste plongée dans l'incertitude.

La mise en concurrence des concessions hydrauliques "reste actuellement l'option la plus crédible, au regard notamment de la législation européenne", selon une étude Xerfi. Si les pouvoirs publics français ne respectent pas l'obligation d'ouverture à la concurrence, ils s'exposent en effet à une sanction européenne.

D'ici 2015, par l'intermédiaire d'un appel d'offres, près de 49 installations et 2 nouveaux ouvrages devaient être ainsi remis en jeu. L'ensemble représente une capacité de 5,2 GW (soit 20% du parc hydroélectrique français). "Le savoir-faire de certains énergéticiens européens - Alpiq, E.ON, Fortum, etc. - qui bénéficient d'une solide expérience dans l'hydraulique, sont un atout pour la modernisation du parc des installations françaises, considère dans son étude le cabinet Xerfi, la mise en concurrence des exploitants pourrait également être favorable au partage de bonnes pratiques industrielles et à l'innovation".

Le cabinet considère cependant que le scénario de transfert de propriété des barrages à l'opérateur historique demeure envisageable. Selon lui, ce régime est très répandu en Europe.

"Néanmoins, la mise en œuvre d'une telle procédure semble complexe car elle suppose que les exploitants historiques rachètent le parc qu'ils exploitent, souligne Thibaud Brejon de Lavergnée, chargé d'études Xerfi, la situation paraît particulièrement difficile pour EDF compte tenu du montant très élevé d'une éventuelle acquisition".

L'opérateur exploite en effet 80% des concessions remises en jeu. Il doit dans le même temps répondre aux besoins d'investissements de modernisation et de maintenance du parc nucléaire français (55 Md€ à l'horizon 2025 selon Xerfi).

L'objectif de 3 TWh supplémentaires non atteignable

Pour Xerfi, l'objectif de la programmation pluriannuelle des investissements (PPI)  de 3 TWh supplémentaires pour la production hydroélectrique ne sera pas atteint à l'horizon 2020. Il considère en effet que la relance des investissements des exploitants de grands ouvrages, quel que soit le scénario envisagé, sera insuffisante.

Autre obstacle : un développement réduit du parc de petites centrales hydrauliques. La France a en effet lancé la révision du classement de ses cours d'eau. Cette dernière vise la libre circulation des espèces et des sédiments en limitant les ouvrages construits en travers des cours d'eau. Une étude de l'Union française de l'électricité estime que le nouveau classement exclurait 76% du potentiel hydroélectrique exploitable ne laissant que 2 TWh de productible.

Les petits producteurs d'hydroélectricité doivent également conjuguer avec la fin des contrats historiques. Désormais, ils disposent de deux options : passer par le marché libre ou opter pour un nouveau contrat d'obligation d'achat.

Pluviométrie importante ou faible, les petits exploitants sont fortement exposés aux aléas climatiques. "Pour preuve, le taux d'excédent brut d'exploitation des opérateurs du panel Xerfi a chuté de 20 points en 2011 dans le sillage d'un effondrement de la production hydroélectrique lié à un déficit de pluviométrie très important et du maintien à haut niveau des autres achats et charges externes", illustre Thibaud Brejon de Lavergnée.

Dorothée Laperche

Rédigé par jojo

Publié dans #Réaction de nos politiciens

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