L'eau potable au robinet, privilège de pays riches

Publié le 24 Mars 2012

L'eau potable au robinet, privilège de pays riches
samedi 24 mars 2012

ENTRETIEN. Avec Jacques Bertrand, délégué général « eau » de la Fondation Chirac.

Les neuf pays du bassin du Niger ont pris des engagements lors du Forum mondial de l'eau, la semaine dernière. Qu'est-ce que ça va changer pour les 275 millions d'habitants de cette région d'Afrique ?

Ce sont des engagements plus précis que ceux que prennent souvent les chefs d'État. Déclarer « nous sommes pour le droit à l'eau » est trop général. Là, ils s'engagent à mettre en place des outils pour mieux connaître le régime du fleuve. À faire de l'assainissement une priorité. À investir dans des politiques économes.

Les plus grosses économies se trouvent dans l'agriculture. L'irrigation moderne - l'aspersion au goutte à goutte - consomme cinq fois moins que les systèmes de rigoles. Un être humain a besoin de 3 litres d'eau à boire par jour, mais il en « mange » 3 000 litres pour son alimentation.

Le Niger est un fleuve important. On ne devrait pas manquer d'eau dans cette région...

Le problème, c'est la qualité de l'eau et sa distribution. Bamako, capitale du Mali de 2 millions d'habitants, grossit chaque année de 70 000 personnes. Le réseau d'eau ne se développe pas aussi vite. En ville, un réseau public coûte, en gros, 500 € par habitant. Le consommateur ne peut pas financer une telle somme par le tarif de l'eau. Il faut trouver d'autres solutions.

Quand il n'y a pas de réseau, les familles sont obligées de payer très cher une eau en bonbonne, ou d'aller loin s'approvisionner. Souvent, elles sont contraintes de consommer une eau de mauvaise qualité, porteuse de maladies, en particulier pour les enfants. Même lorsqu'il existe un réseau, l'eau distribuée n'est pas toujours potable. Quatre milliards de personnes, soit plus de la moitié de la population mondiale, n'ont pas un robinet d'eau potable chez eux.

La population augmente vite. Parallèlement, les apports du fleuve Niger diminuent, sans doute à cause du changement climatique...

Oui, la situation est assez dramatique. Mais si les engagements sont tenus, le fleuve peut continuer à être une ressource suffisante. À condition de prendre les bonnes décisions sans tarder. Et dans la concertation. Par exemple, qu'un pays ne construise pas un barrage sans s'assurer que ça ne privera pas les autres. L'inaction ou de mauvais choix d'aménagements pourraient conduire à des catastrophes.

Recueilli par Serge POIROT.
 

Rédigé par jojo

Publié dans #arasement pollution

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